Les origines de cette technique se situent dans les périodes les plus reculées de l’histoire, dès lors que les hommes ont commencé à aménager, domestiquer leur territoire en ramassant, extrayant et réemployant le matériau disponible le plus répandu : la pierre.
Ce mode de construction qui est universel de par sa diversité historique et géographique l’est aussi parce qu’il apporte une réponse technique pertinente aux contraintes environnementales communes à toutes les civilisations.
Son utilisation la plus répandue au cours de l’histoire concerne les murs de soutènement à vocation agricole qui ont démontré leur efficacité lorsqu’il s’agit de conquérir de nouvelles surfaces arables et de stabiliser les sols soumis à l’érosion dans les reliefs les plus accidentés.
Les réalisations de ce type sont innombrables. Elles modèlent nos paysages.
L’harmonie qu’elles évoquent, malgré leurs tailles quelquefois imposantes, ne se dément jamais.
La simplicité apparente de ces ouvrages cache pourtant une grande ingéniosité.
En l’absence de liant dans le bâti, une grande rigueur technique s’impose au constructeur.
Un mur en pierres sèches est solide de par la qualité de sa conception et de sa réalisation.
Au delà des qualités esthétiques et de conservation du caractère de nos paysages, ces murs, de par l’absence de mortier, sont de véritables barrages filtrants et drainants.
Ils ralentissent l’écoulement de l’eau accumulée dans les sols lors des épisodes de fortes précipitations.
Ils améliorent la capacité de rétention en eau des sols à l’arrière des ouvrages, en nivelant leurs surfaces et en augmentant la quantité de terre retenue.
Ils représentent un investissement pour les générations futures : ils sont transmissibles à long terme du fait de leur longévité.
Ils participent à un développement économique raisonné en favorisant la mise en oeuvre de matériaux naturels réemployés (dans le cadre d’une restauration) recyclés in situ (pierres issues d’un terrassement ou d’une démolition) ou issus de carrières de proximité.
De par leur souplesse structurelle, ils ne nécessitent aucune fondation de type béton armé.
Ces dernières années a émergé une filière professionnelle de la construction en pierre sèche qui répond aux exigences de qualité du métier.
Accompagnés de la chambre des métiers du Vaucluse et grâce aux recherches scientifiques sur la résistance des murs de soutènement, menées en parallèle par l’ENTPE (École Nationale des Travaux Public de l’État), un noyau d’associations d’artisans et de professionnels de la pierre sèche a travaillé à la publication du Guide des bonnes pratiques de construction de murs de soutènement.
Cet ouvrage fait maintenant référence auprès des concepteurs et artisans. Il décrit et détaille le savoir-faire dans les règles de l’art et permet (grâce aux abaques résultant du travail de recherche des ingénieurs de l’ENTPE) une approche rigoureuse du dimensionnement des murs en pierres sèches en fonction de paramètres variables (hauteur de l’ouvrage, fruit, nature et densité de la pierre, nature du sol, angle formé par la partie supérieure du talus).